ENQUÊTES
Pakistan : la Cour suprême innocente le meurtrier présumé de Daniel Pearl

La Cour suprême du Pakistan a confirmé jeudi 28 janvier l’annulation de la condamnation à mort d’un extrémiste pakistano-britannique suspecté d’avoir enlevé et tué en 2002 le journaliste américain Daniel Pearl, ouvrant la voie à sa libération immédiate.
La Cour a considéré qu’Ahmed Omar Saeed Sheikh n’avait commis «aucun délit dans cette affaire», a déclaré Mahmood Sheikh, l’un des avocats de l’accusé.
En avril, la Haute cour de la province du Sindh (sud) avait annulé la condamnation à mort pour meurtre d’Omar Sheikh, 47 ans, et commué sa peine en sept années de prison pour enlèvement, une durée couverte par ses 18 ans en détention.
Cette décision avait été vivement dénoncée par le département d’État américain, qui y avait vu «un affront aux victimes du terrorisme à travers le monde».
Trois autres hommes, Salman Saquib, Fahad Nasim et Sheikh Adil, condamnés en juillet 2002 à la perpétuité pour avoir notamment envoyé des courriers électroniques revendiquant le rapt du journaliste, avaient été acquittés par le même tribunal.
Mais la province du Sindh, dont Karachi est la capitale, puis les parents de Daniel Pearl, avaient interjeté appel, ce qui avait conduit au maintien en détention des quatre accusés, malgré un nouveau jugement du même tribunal en décembre ordonnant leur libération.
Daniel Pearl, 38 ans, correspondant du quotidien américain The Wall Street Journal, avait disparu le 23 janvier 2002 à Karachi. Une vidéo montrant sa décapitation avait été remise un mois plus tard au consulat des États-Unis de cette mégalopole du sud du Pakistan.
Une enquête indépendante menée pendant trois ans dans le cadre du «Pearl Project» avait déterminé en 2011 que la justice pakistanaise s’était fourvoyée, les quatre hommes condamnés pour l’assassinat du journaliste n’étant même pas présents lors de son exécution.
Selon Asra Nomani, une ancienne collègue et une amie de Daniel Pearl, qui avait dirigé cette enquête, c’est bien le Pakistanais Khaled Cheikh Mohammed (KSM selon ses initiales en anglais), le cerveau auto-proclamé des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, qui l’avait exécuté.
KSM, arrêté au Pakistan en 2003, est détenu dans la prison américaine de Guantanamo, à Cuba. Un psychologue qui l’avait interrogé a affirmé que le détenu lui avait confessé avoir décapité le journaliste américain.
Avec AFP

ENQUÊTES
Rwanda : la justice française saisie de la fuite de génocidaires permise par la France en 1994

Des associations et des rescapés du génocide au Rwanda demandent à la justice française d’enquêter sur les instructions données en 1994 par la France de ne pas interpeller les autorités responsables des massacres des Tutsi, selon leur courrier consulté mardi par l’AFP.
Les avocats de Survie, de la Fédération internationale des droits de l’Homme et de six rescapés ont écrit en ce sens aux magistrats chargés de l’enquête sur les éventuelles responsabilités de l’opération militaro-humanitaire Turquoise lors des massacres de Bisesero fin juin 1994.
S’appuyant sur la révélation récente d’un télégramme diplomatique, ils demandent aux magistrats de relancer et d’élargir leurs investigations, en procédant notamment à l’audition d’Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, et à celle de son conseiller de l’époque, Bernard Emié, actuel patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).
Ce télégramme «confidentiel diplomatie» du 15 juillet 1994, signé par Bernard Emié, demandait au représentant du Quai d’Orsay auprès de l’opération Turquoise de transmettre aux responsables génocidaires, par des «canaux indirects», le «souhait qu’elles quittent la Zone Humanitaire Sûre» alors contrôlée par les militaires français.
«Vous soulignerez que la communauté internationale et en particulier les Nations Unies devraient très prochainement déterminer la conduite à suivre à l’égard de ces soi-disant autorités», poursuivait le texte.
Ce télégramme, dévoilé par Mediapart et consulté par l’AFP le 15 février, a été retrouvé dans les archives d’un conseiller du président François Mitterrand par le chercheur François Graner, membre de Survie.
Il était adressé à l’ambassadeur Yannick Gérard en réponse à sa demande sur le sort de ces autorités, qu’il suggérait d’arrêter ou de placer en résidence surveillée. Les avocats demandent qu’il soit lui aussi entendu ainsi qu’Hubert Védrine, Secrétaire général de l’Elysée à l’époque des faits.
Ce télégramme «est indubitablement un nouvel élément» susceptible de relancer l’enquête, «notamment en ce qu’il met en lumière le soutien actif des plus hautes autorités françaises à des responsables rwandais», écrivent les avocats Eric Plouvier, Olivier Foks, Laure Heinich, Karine Bourdie, Patrick Baudoin et Michel Tubiana.
Ces parties civiles, qui accusent Turquoise d’avoir sciemment abandonné aux génocidaires des centaines de Tutsis des collines de Bisesero du 27 au 30 juin 1994, tentent depuis trois ans de relancer les investigations. Celles-ci ont été closes sans poursuites à l’été 2018, ouvrant la voie à un non-lieu qui n’a pas encore été prononcé.
Selon l’ONU, environ 800.000 personnes, essentiellement dans la minorité tutsi, ont été tuées en trois mois au Rwanda lors de massacres déclenchés après l’attentat contre l’avion du président Habyarimana le 6 avril 1994.
Avec AFP
ENQUÊTES
France : hausse de la cote de popularité de Macron et Castex sur un mois

Le président de la République Emmanuel Macron et son premier ministre Jean Castex ont vu leur cote de popularité nettement augmenter au mois de février par rapport au mois de janvier, selon un sondage BVA publié vendredi 19 février*. L’institut lie ces bons résultats à la stratégie sanitaire de l’exécutif qui a écarté pour l’heure un reconfinement.
Les Français interrogés sont 42% à déclarer avoir une bonne opinion d’Emmanuel Macron. Il s’agit d’un résultat en hausse de cinq points par rapport au mois précédent et qui rejoint les niveaux d’octobre et novembre, selon cette étude réalisée pour Orange et RTL.
Les opinions favorables progressent bien au-delà des sympathisants de son propre camp (96% ; +5 points), à gauche (LFI ; +10 points, EELV ; +10 points) comme à droite (LR ; +7 points) à l’exception des sympathisants du RN (17%, stable).
Jean Castex est désormais crédité de 42% de bonnes opinions également, en hausse de 6 points par rapport au mois dernier. Ce résultat met un point d’arrêt à la baisse continue de sa popularité depuis sa nomination (de 56% en juillet jusqu’à 36% en janvier) et il n’est plus distancé par le chef de l’État.
Sa popularité est en hausse quelle que soit la sensibilité politique des Français, avec néanmoins une dynamique positive plus marquée chez les sympathisants Les Républicains (43%; +12 points) et RN (34%; +11 points).
«Le couple exécutif bénéficie directement et nettement de ses choix concernant la crise sanitaire», avance l’institut qui ajoute que «la dynamique est encore plus nette pour son Premier ministre qui, rappelons-le, avait porté l’annonce du non-reconfinement».
Près des 2/3 des Français (63%) ont déclaré approuver cette décision de ne pas reconfiner, même localement, selon l’Institut. Incarnée par cette décision, la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement retrouve du crédit (39%; +9 points).
*Enquête réalisée le 17 et le 18 février par Internet auprès d’un échantillon représentatif de 1.003 personnes, âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, avec une marge d’erreur de 1,4 à 3,1 points.
Avec AFP