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Malaisie : recours en justice contre une expulsion massive vers la Birmanie

Des organisations de défense des droits de l’Homme ont introduit un dernier recours légal en Malaisie pour tenter d’empêcher l’expulsion mardi 23 février de 1.200 migrants birmans vers leur pays d’origine où une junte a pris le pouvoir début février.
Les migrants détenus, parmi lesquels des membres de minorités vulnérables, ont été acheminés vers une base militaire de la côte occidentale de la Malaisie, où ils doivent être embarqués sur trois navires envoyés par l’armée birmane.
Les États-Unis et l’Onu ont critiqué cette expulsion, et ont demandé que le Haut-commissariat de l’Onu aux réfugiés (HCR) puisse avoir accès aux prisonniers afin de vérifier si certains sont des demandeurs d’asile.
Selon l’Onu, au moins six personnes sont enregistrées auprès du HCR et doivent bénéficier d’une protection internationale. Amnesty International et Asylum Access ont annoncé avoir déposé un recours lundi devant un tribunal de Kuala Lumpur pour mettre fin à l’expulsion.
«Cette démarche pour empêcher l’expulsion se fonde sur des informations provenant de groupes de réfugiés indiquant manifestement qu’il y a des demandeurs d’asile et des réfugiés parmi les personnes renvoyées en Birmanie», a déclaré Katrina Jorene Maliamauv, directrice d’Amnesty International Malaysia.
«Les violations des droits de l’Homme commises par l’armée birmane à l’encontre des manifestants et des opposants ont été largement documentées. Si la Malaisie insiste pour renvoyer ces 1.200 personnes, elle prendra la responsabilité de les exposer à de nouvelles persécutions, violences et même à la mort», a-t-elle affirmé.
Toutefois, les migrants étant déjà arrivés sur la base de Lumut par camions et bus, escortés par des véhicules de police, la possibilité de faire appliquer une éventuelle décision de justice restait incertaine mardi.
L’armée birmane a pris le pouvoir début février, en renversant le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, ce qui a déclenché une campagne massive de manifestations.
La Malaisie a exprimé sa «sérieuse préoccupation» après le coup d’États, mais quelques jours plus tard, des informations ont fait état de son accord pour que la junte envoie des bâtiments de guerre récupérer les migrants détenus.
Les responsables malaisiens affirment que les personnes expulsées ont commis des infractions, comme d’avoir des visas périmés, et qu’aucun membre de la minorité Rohingya ne figure parmi elles.
Néanmoins, parmi ces personnes expulsées, se trouvent des membres de la minorité chrétienne et d’autres des États de Kachin (nord) et Shan (est), selon Lilianne Fan, directrice internationale de la Fondation Geutanyoe, qui travaille avec des réfugiés.
La Malaisie accueille des millions de migrants des régions les plus pauvres d’Asie – notamment de Birmanie, du Bangladesh et d’Indonésie, qui travaillent pour des salaires de misère, en particulier dans le bâtiment.
Avec AFP

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Les États-Unis ne veulent pas de «rupture» avec l’Arabie saoudite

Le gouvernement américain de Joe Biden veut «recalibrer» les relations avec l’Arabie saoudite mais ne veut pas de «rupture», a déclaré vendredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken pour justifier l’absence de sanctions contre le prince héritier saoudien.
Le secrétaire d’État a défendu devant la presse les sanctions annoncées par les États-Unis contre d’autres responsables saoudiens, après la publication du rapport du renseignement américain qui accuse le prince Mohammed ben Salmane d’avoir «validé» l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Le journaliste saoudien a été tué en 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul. Plusieurs élus démocrates ont déploré que les Etats-Unis n’aient pas puni directement le jeune dirigeant à la lumière de ces révélations. «Le rapport parle pour lui-même», a estimé Antony Blinken.
«La relation avec l’Arabie saoudite est importante, nous avons des intérêts mutuels importants. Nous restons déterminés à défendre le royaume», a-t-il ajouté. «Mais nous voulons nous assurer» que «la relation reflète mieux nos intérêts et nos valeurs», a-t-il poursuivi.
«Ce que nous avons fait avec les mesures que nous venons de prendre, c’est vraiment pour ne pas avoir de rupture dans les relations mais pour les recalibrer», a insisté Antony Blinken.
«La relation avec l’Arabie saoudite dépasse les questions de personnes», a encore dit le ministre. «Ce recalibrage concerne les politiques et les actes de l’Arabie saoudite», a-t-il ajouté.
Avec AFP
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Le Rwanda dit avoir financé le voyage ramenant contre son gré le héros d’Hotel Rwanda à Kigali

Le gouvernement du Rwanda a admis vendredi avoir «facilité» le voyage vers Kigali, où il a été arrêté, du héros du film «Hôtel Rwanda», le ministre de la Justice précisant dans une interview que les autorités avaient financé cette opération.
Ex-directeur de l’hôtel des Mille Collines à Kigali, Paul Rusesabagina, 66 ans, a été rendu célèbre par ce film de 2004, racontant comment il a sauvé plus de 1000 personnes au cours du génocide rwandais.
Ce hutu modéré est ensuite devenu un critique du régime du président rwandais Paul Kagame. Vivant en exil depuis 1996 aux Etats-Unis et en Belgique, un pays dont il a obtenu la nationalité, il a été arrêté fin août au Rwanda dans des circonstances troubles, à la descente d’un avion en provenance de Dubaï et qu’il pensait être à destination du Burundi. Ses avocats dénoncent «un enlèvement».
«Le gouvernement a payé», a affirmé depuis Kigali le ministre rwandais de la Justice, Johnston Busingye, dans un entretien à l’émission UpFront d’Al Jazeera, produite aux Etat-Unis.
«Il y a une personne qui travaillait de longue date avec M. Rusesabagina, qui avait suscité l’intérêt de notre département des enquêtes criminelles (…) et le paiement visait à faciliter le projet de cet homme d’amener Rusesabagina au Rwanda», a-t-il expliqué.
«Le gouvernement n’a pas joué de rôle dans son transport. Il a aidé ce monsieur qui voulait l’amener au Rwanda», a poursuivi le ministre, affirmant le Rwanda avait respecté la légalité en dupant Paul Rusesabagina.
«En droit international, attirer des gens vers des endroits où ils peuvent être amenés devant la justice est arrivé et cela dans de nombreuses juridictions», a-t-il souligné. L’identité de l’homme qui a trompé l’opposant n’est pas donnée mais il est évoqué comme un ancien «complice».
Vendredi soir, le ministère rwandais de la Justice a confirmé dans un communiqué que le Rwanda avait «facilité le voyage» amenant Paul Rusesabagina à Kigali, affirmant que l’arrestation était «légale» et que «ses droits n’ont jamais été violés».
Paul Rusesabagina, dont le procès à Kigali a commencé mi-février, est visé par neuf chefs d’accusation, dont celui de terrorisme. Il est notamment poursuivi pour avoir soutenu le Front de libération nationale (FLN), un groupe rebelle accusé d’avoir mené ces dernières années des attaques meurtrières au Rwanda.
Dans son communiqué, le ministère rwandais de la Justice souligne par ailleurs qu’une conversation privée du ministre avec ses conseils – transmise par «inadvertance» à Al Jazeera selon la chaîne et diffusée durant l’émission -, durant laquelle est évoquée une interception de la correspondance privée du détenu, «ne reflète pas la position du gouvernement».
Avec AFP