SANTÉ
La pandémie, un «prétexte» pour certains États en vue de réprimer, s’inquiète l’ONU

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déploré lundi 22 février que l’épidémie de Covid-19 soit utilisée par certains pays, qu’il n’a pas cités, pour faire taire les «voix dissonantes» et les médias.
«Brandissant la pandémie comme prétexte, les autorités de certains pays ont pris des mesures de sécurité sévères et des mesures d’urgence pour réprimer les voix dissonantes, abolir les libertés les plus fondamentales, faire taire les médias indépendants et entraver le travail des organisations non gouvernementales», a regretté le chef de l’ONU dans son discours annuel devant le Conseil des droits de l’homme (CDH).
Guterres s’est exprimé, dans un message vidéo pré-enregistré, à l’occasion de l’ouverture de la 46e session du CDH, qui, pour la première fois de son histoire, se déroulera entièrement en ligne (jusqu’au 23 mars) en raison de l’épidémie de Covid-19.
Le chef de l’ONU a consacré une large part de son discours à la pandémie, déplorant que les restrictions qui y sont liées «servent d’excuse pour miner les processus électoraux, affaiblir les voix des opposants et réprimer les critiques».
Ainsi, a-t-il ajouté, «des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des militants et même des professionnels de la santé ont fait l’objet d’arrestations, de poursuites et de mesures d’intimidation et de surveillance pour avoir critiqué les mesures – ou le manque de mesures – prises pour faire face à la pandémie».
En outre, «l’accès à des informations vitales a parfois été entravé, tandis que la désinformation mortelle a été amplifiée, y compris par quelques dirigeants», a-t-il poursuivi, sans dire lesquels.
Des inégalités aggravées par la pandémie
La Haute Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a également dénoncé «les restrictions illégitimes des libertés publiques (et) l’utilisation excessive des pouvoirs d’urgence» dans le cadre de l’épidémie.
«L’usage de la force ne mettra pas fin à cette pandémie. Envoyer les critiques en prison ne mettra pas fin à cette pandémie», a-t-elle martelé, sans toutefois mentionner de pays.
Le Covid-19 a également «aggravé les vulnérabilités» et bouleversé la vie de centaines de millions de familles qui ont perdu un emploi ou vu leurs revenus s’effondrer, s’est inquiété Guterres.
«La pandémie a affecté de manière disproportionnée les femmes, les minorités, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, les réfugiés, les migrants et les peuples autochtones» et «l’extrême pauvreté gagne du terrain», a-t-il relevé. «Des années de progrès en matière d’égalité des genres ont été réduites à néant», a-t-il dit.
Une «faillite morale» de l’accès équitable à la vaccination
Le secrétaire général de l’ONU a par ailleurs fustigé «le nationalisme vaccinal» : «l’incapacité d’assurer un accès équitable aux vaccins représente une nouvelle faillite morale, nous renvoie en arrière».
Dans son intervention, Guterres a aussi appelé à «intensifier la lutte contre la résurgence du néonazisme, de la suprématie blanche et du terrorisme à motivation raciale et ethnique» et à mettre en place une action concertée à l’échelle mondiale pour mettre fin à cette «menace sérieuse et croissante». Plus qu’une menace terroriste intérieure, ils sont en train de «devenir une menace transnationale», a-t-il considéré.
Avec AFP

ACTUALITÉ
Livraison de 4 millions de doses de vaccins gratuits via Covax

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 200 millions d’habitants, a reçu mardi près de 4 millions de doses de vaccins contre la COVID-19, financés par le dispositif Covax qui vise à en fournir aux pays à faible revenu.
Il s’agit du premier lot des 16 millions de doses AstraZeneca/Oxford qui doit arriver au Nigeria dans les prochains mois, où les soignants et les professions à risque seront les premiers vaccinés, dès vendredi, ont assuré les autorités.
Un vol transportant 3,94 millions de doses de ce vaccin est arrivé peu avant midi à l’aéroport international Nnamdi Azikiwe, dans la capitale Abuja.
Le patron de l’Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué cette arrivée en écrivant sur twitter : «nous devons agir ensemble pour fournir des vaccins à tous les pays dans les 100 premiers jours de 2021».
Après le Ghana et la Côte d’Ivoire, le Nigeria est le troisième pays d’Afrique à recevoir des vaccins financés par le dispositif Covax.
Professions à risque
«Les vaccinations doivent commencer vendredi avec les professions à risque», a déclaré à l’AFP le porte-parole de la présidence Garba Shehu, ajoutant que le président et le vice-président recevront également une injection dès samedi.
«C’est un grand jour pour le Nigeria», a déclaré le directeur de l’agence nationale en charge des programmes d’immunisation, le Dr Faisal Shuaib. «Nous avons travaillé dur pour être prêts à administrer le vaccin au personnel de santé».
«Il restera un travail énorme pour protéger la population de la COVID-19 et cela demandera un effort global et concerté», a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le Secrétaire général du gouvernement, Boss Mustapha, a exhorté les chefs traditionnels, les chefs religieux, les organisations de la société civile et les médias à diffuser le message selon lequel les vaccinations sont nécessaires, soulignant : «c’est un combat pour tout le monde».
Objectif : 70 % de la population majeure
Le Nigeria veut vacciner au moins 70 % des Nigérians de plus de 18 ans d’ici les deux prochaines années, mais ce chiffre paraît très ambitieux compte tenu des immenses défis sécuritaires et logistiques dans ce pays immense, très peuplé, aux conditions météorologiques difficiles et où les routes sont difficilement praticables.
«Des avions-cargo attendent de transporter les vaccins dans les (36) États qui composent le Nigeria», a expliqué le Dr Shuaib. «Les États qui n’ont pas d’aéroport utiliseront des bus avec des chambres froides depuis les aéroports les plus proches», a-t-il ajouté.
«Comme les vaccins arrivent par lots en raison de l’approvisionnement limité, nous informerons les Nigérians sur qui et où recevoir le vaccin», a précisé ce responsable. Les autorités ont mis en place un portail d’auto-enregistrement en ligne pour tenter de faciliter les vaccinations.
Le Nigeria comptait mardi 156 017 cas de COVID-19 recensés, dont 1915 décès. Mais ces chiffres sont sous-évalués, le nombre de tests réalisés étant faible. En outre, un variant du coronavirus a été découvert ces derniers mois dans le pays, mais des recherches sont toujours en cours pour déterminer si il est plus contagieux et mortel.
Avec AFP
SANTÉ
Covid : en Tunisie, la réception de 1 000 doses de vaccin offertes par les Emirats fait polémique

Après des fuites, la présidence tunisienne a dû confirmer «un cadeau» d’Abou Dhabi. Le gouvernement, qui dit ignorer l’initiative, a demandé «une enquête immédiate».
Le sujet de l’absence d’une campagne de vaccination contre le coronavirus en Tunisie s’est invité dans le bras de fer entre la présidence et le premier ministre, le second décrétant l’ouverture d’une enquête après l’annonce par la première de la réception de 1 000 doses offertes par les Emirats arabes unis (EAU).
Après des fuites, la présidence a confirmé, lundi 1er mars, avoir reçu 1 000 doses de vaccin, mises à disposition des services de santé militaire, chargés de les distribuer en priorité au personnel soignant.
La présidence a indiqué à l’AFP qu’il s’agissait d’un «cadeau» de la part d’Abou Dhabi. Le gouvernement, assurant n’être au courant de rien, a annoncé «une enquête immédiate sur les circonstances de l’arrivée de ces vaccins, leur gestion et leur distribution».
Contrairement à l’Algérie, au Maroc ou à l’Egypte, qui ont débuté fin janvier leur campagne de vaccination, la Tunisie n’a toujours pas commencé la sienne. Initialement annoncée pour la mi-février, elle a été retardée par des difficultés d’approvisionnement.
Des commentateurs pointent également du doigt les querelles politiques qui entravent les décisions et la coordination des pouvoirs, en pleine crise sociale et sanitaire. Symptome de l’instabilité politique, la Tunisie a changé trois fois de ministre de la santé depuis le début de la pandémie.
L’exécutif se déchire par ailleurs sur un remaniement, décidé pour assurer au gouvernement le soutien des partis majoritaires au Parlement, mais refusé par le président Kaïs Saïed, un farouche indépendant, en raison notamment de soupçons de conflits d’intérêt pesant sur certains ministres.
La polémique sur les vaccins a débuté après l’annonce de leur arrivée par des élus sur les réseaux sociaux, alors que, officiellement, le pays attend toujours ses premières doses du programme onusien d’aide Covax, destiné aux 200 pays les plus pauvres.
Rumeurs
Le député indépendant Yassine Ayari a indiqué sur Facebook avoir été informé «il y a quelques jours» de l’arrivée de ces doses par des diplomates. La commission scientifique, entendue lundi au Parlement, a indiqué qu’elle n’était pas au courant de l’arrivée de ces vaccins.
Contactés par l’AFP, ni la présidence ni le ministère de la défense n’ont été en mesure de donner des détails sur le type de vaccin ni sur la date précise de l’arrivée de la cargaison.
Signe de la défiance de la population envers la classe politique, des rumeurs selon lesquelles certains parlementaires auraient déjà été vaccinés circulent. «Le chef de l’Etat Kaïs Saïed a refusé de se faire vacciner» et «aucun membre de sa famille» ni aucun «fonctionnaire à la présidence» n’a bénéficié du vaccin, a souligné Rym Kacem, responsable de la communication au palais de Carthage.
Dans un communiqué publié lundi, le Parlement a démenti avoir reçu des vaccins «de quiconque», ajoutant être engagé à respecter la stratégie nationale, qui prévoit de réserver les première doses au personnel soignant.
La Tunisie, qui compte près de près de 12 millions d’habitants, avait initialement annoncé une campagne de vaccination à partir de la mi-février grâce à des doses du dispositif Covax. Mais son lancement a été retardé d’un mois du fait d’un délai dans l’arrivée des vaccins. La campagne commencera finalement en mars, a réaffirmé lundi le directeur de l’institut Pasteur, Hechmi Louzir.
La semaine dernière, Pékin s’est engagé offrir à Tunis 100 000 doses dans les jours à venir, dès que la logistique le permettrait. Après un pic en janvier, la Tunisie enregistre toujours plusieurs dizaines de morts chaque jour. Depuis le début de l’épidémie, le pays a enregistré 233 277 cas de contamination au coronaviruset et 8 001 décès dus au Covid-19.
Avec AFP