ECONOMIE
Ghosn : l’ex-directeur général de Nissan témoigne au procès Kelly à Tokyo

Hiroto Saikawa, l’ancien protégé de Carlos Ghosn qui s’était publiquement retourné contre son mentor après l’arrestation de celui-ci en novembre 2018, a témoigné mercredi lors du procès à Tokyo de l’ancien responsable juridique de Nissan, Greg Kelly.
Avec la fuite de M. Ghosn au Liban fin 2019 avant le début de son procès au Japon pour malversations financières, seul son ancien assistant américain Greg Kelly, 64 ans, est jugé au pénal depuis septembre dernier.
M. Kelly est accusé d’avoir illégalement et sciemment omis de mentionner dans les rapports boursiers de Nissan de 2010 à 2018 une rémunération d’environ 9,2 milliards de yens (73 millions d’euros) que M. Ghosn était censé toucher ultérieurement.
Depuis le début de ce procès, les audiences passent au peigne fin les divers moyens avec lesquels M. Ghosn cherchait, selon ses accusateurs, à contourner une loi japonaise renforçant à partir de 2010 la transparence sur la rémunération des patrons.
Vêtu d’un costume sombre et d’une cravate violette, M. Saikawa, 67 ans, a déclaré mercredi que Carlos Ghosn ne goûtait guère à ces règles et les avait critiquées lors d’une réunion en présence d’autres responsables de Nissan, les qualifiant de «mauvais système».
M. Saikawa a ajouté s’être mis d’accord avec M. Kelly en 2011 sur le fait qu’il était nécessaire de préparer «un bon package» que M. Ghosn toucherait au moment de prendre sa retraite, et ce afin de le dissuader de rejoindre la concurrence.
L’ex-directeur général de Nissan, qui a dû démissionner de son poste en septembre 2019 après avoir reconnu avoir perçu une prime indue plusieurs années auparavant, a reconnu avoir signé un document mentionnant une rémunération, tout en affirmant penser qu’il ne s’agissait que «d’un projet» non définitif.
«J’aurais peut-être dû être plus prudent, mais quand on regarde la situation, je ne considérais pas qu’il s’agissait d’un document formel», a dit M. Saikawa.
Après l’arrestation de M. Ghosn en novembre 2018, M. Saikawa, qui a fait toute sa carrière chez Nissan après avoir rejoint le groupe en 1977, avait fustigé «la face obscure» du grand patron, disant ressentir «de l’indignation et du ressentiment» à son encontre.
Le procès, qui devrait se terminer en juillet, doit aussi recevoir le témoignage du nouveau directeur général de Nissan, Makoto Uchida.
Avec AFP

ECONOMIE
En Afrique, la reprise économique freinée par l’accès limité aux vaccins contre le Covid-19

L’Afrique subsaharienne devrait enregistrer en 2021 la croissance économique régionale la plus lente au monde, avec un taux de 3,4 %, alors qu’elle peine à se remettre de la crise provoquée par le Covid-19, a averti le Fonds monétaire international (FMI) jeudi 14 avril.
«Les difficultés économiques ont provoqué d’importants bouleversements sociaux et un trop grand nombre de personnes ont replongé dans la pauvreté», a déclaré Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FMI : «Le nombre de personnes extrêmement pauvres en Afrique subsaharienne a augmenté de plus de 32 millions, selon les projections.»
Faute d’approvisionnements suffisants en vaccins contre le Covid-19, l’Afrique subsaharienne subit un retard considérable dans ses campagnes de vaccination.
La pandémie liée au coronavirus a ainsi mis en lumière une nouvelle fois le décalage entre les pays riches et pauvres de la planète. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), «moins de 2 % des 690 millions de doses de vaccin anti-Covid-19 administrées jusqu’à présent à l’échelle mondiale l’ont été en Afrique».
Pour le FMI, cet accès limité aux vaccins, de même que l’espace politique restreint dans beaucoup des pays du continent, freinent la reprise à court terme. Selon ses prévisions, pour la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, le coût de la vaccination de 60 % de la population nécessitera une augmentation des dépenses de santé pouvant aller jusqu’à 50 % et pourrait dépasser 2 % du PIB dans certains pays.
2020, la pire année jamais enregistrée
Le FMI estime que l’Afrique subsaharienne se remettra de la contraction de 1,9 % du PIB de 2020 – la pire année jamais enregistrée – avec une croissance de 3,4 % cette année, explicable par la réouverture des frontières, qui stimule les échanges et le commerce. Mais dans de nombreux pays, «les revenus par habitant ne retrouveront pas les niveaux d’avant-crise avant 2025», prévient le rapport.
Selon M. Selassie, les pays africains ont été frappés par trois phénomènes liés à la pandémie : l’augmentation des besoins des systèmes de santé et d’infrastructures, l’accroissement des niveaux d’endettement et l’incapacité des gouvernements à collecter davantage d’impôts.
D’autres facteurs tels que l’accès au financement extérieur, l’instabilité politique, la sécurité intérieure ou les chocs climatiques pourraient compromettre davantage la reprise.
En revanche, le FMI note que la fourniture ou le déploiement plus rapide que prévu de vaccins pourraient améliorer les perspectives à court terme de la région.
Avec AFP
ECONOMIE
Canal de Suez : l’Egypte réclame 900 millions de dollars au propriétaire de l’«Ever-Given»

Selon l’Autorité du canal de Suez (SCA), l’Egypte a perdu entre 12 et 15 millions de dollars par jour lors du blocage du canal par ce porte-conteneurs.
Le propriétaire japonais du porte-conteneurs qui avait bloqué le canal de Suez a confirmé, mercredi 14 avril, être en négociations avec les autorités égyptiennes, qui lui réclament 900 millions de dollars pour laisser repartir le bateau, qui a été saisi.
L’Ever-Given, d’une capacité de 200 000 tonnes, s’était échoué le 23 mars, bloquant le trafic du canal, qui concentre plus de 10 % du commerce mondial, avant d’être renfloué, le 29 mars, avec l’aide d’experts internationaux.
Lundi, le quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram révélait que l’Egypte réclame 900 millions de dollars de dédommagements (environ 750 millions d’euros). Le destin du bateau se joue «désormais sur le terrain juridique», a affirmé, mercredi, le porte-parole du propriétaire, Shoei Kisen.
Selon l’Autorité du canal de Suez (SCA), l’Egypte a perdu entre 12 et 15 millions de dollars par jour de fermeture du canal, emprunté par 19 000 navires en 2020, soit une moyenne de 51,5 navires par jour. Figurant parmi ses principales sources de revenus, le passage a rapporté environ 5,7 milliards de dollars au Caire en 2019-2020.
Compenser les pertes engendrées
Lundi soir, le chef de la SCA avait fait état à la télévision publique de «négociations» en vue d’obtenir des dédommagements pour le préjudice subi. L’Egypte n’a commis «aucune erreur» dans cet incident, selon lui, faisant porter la seule responsabilité au navire.
«Les négociations se poursuivent, il y a encore beaucoup de points [d’achoppement] avec l’entreprise et l’assurance», à commencer par la «somme», avait affirmé l’amiral Osama Rabie.
«Le navire [battant pavillon] panaméen Ever-Given a été saisi en raison du non-paiement de la somme de 900 millions de dollars (…) en vertu d’un jugement rendu par le tribunal économique d’Ismaïlia», a-t-il dit.
Le montant correspond, selon la même source, aux «pertes engendrées par le bateau à la SCA, outre son renflouement et les opérations de maintenance».
Plus de 400 navires avaient été bloqués au nord et au sud de l’isthme durant six jours, formant de gigantesques embouteillages qui ont mis plusieurs jours à se résorber.
Avec AFP