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En Gambie, l’unique survivant d’un massacre de migrants en 2005 témoigne

Depuis la chute de Yahya Jammeh en 2017, la Commission vérité et réconciliation passe au crible les crimes commis sous son régime durant vingt-deux ans.
Le seul survivant connu du massacre, en 2005, en Gambie, d’une cinquantaine de migrants africains par des soldats gambiens a témoigné, lundi 1er mars, devant une commission locale, donnant un récit particulièrement poignant de la tuerie.
Ce massacre est l’un des crimes commis sous le règne de Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir en 1994 par un coup d’Etat dans ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, et qui a dirigé pendant vingt-deux ans un régime de féroce répression, marqué par les tortures, des viols et des exécutions extrajudiciaires.
Le dictateur avait été poussé à s’exiler en Guinée équatoriale en janvier 2017, cédant à une intervention militaire africaine après avoir rejeté sa défaite à la présidentielle face à l’opposant Adama Barrow.
La Commission vérité et réconciliation (TRRC) a depuis deux ans entendu des centaines de témoins, dont d’anciens responsables civils et militaires et d’anciens membres d’un escadron de la mort personnel de l’ex-président, les «junglers».
La semaine dernière, la TRRC, dont le mandat prendra fin en juin, a commencé à examiner l’un des épisodes les plus tristement célèbres du régime Jammeh : l’exécution présumée en 2005 d’une cinquantaine de migrants clandestins à destination de l’Europe, qui avaient été pris pour des mercenaires par les forces de sécurité gambiennes.
Transmettre les adieux
Unique survivant du massacre, Martin Kyere, un Ghanéen, a raconté son calvaire lundi devant la TRRC. Il a décrit comment les soldats, armés de «coutelas et de fusils», ont déshabillé et battu une première fois les migrants lors de leur capture.
M. Kyere a ensuite été détenu avec ses compagnons d’infortune dans une cellule pendant environ une semaine, avant qu’ils ne soient ligotés avec du fil de fer et conduits au plus profond d’une forêt.
Les prisonniers ont alors compris que les soldats avaient l’intention de les tuer, a-t-il raconté. «Ce qui nous passe par la tête à ce moment-là, c’est que Dieu nous pardonne nos péchés.» L’homme a cependant réussi à se libérer de ses liens pendant le transit du véhicule.
«Ils [les autres migrants] m’ont dit c’est Dieu qui a voulu me libérer pour que je puisse dire au monde entier comment Yahya Jammeh les a tués», a-t-il raconté devant la Commission.
Fondant en armes au milieu de son récit, il a expliqué comment ses compagnons qui allaient à la mort lui ont donné des détails sur leur lieu de résidence – afin qu’il puisse transmettre leurs adieux à leurs proches – avant qu’il ne saute du véhicule pour s’enfuir dans la brousse.
L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) estime le nombre de victimes de ce massacre à plus de 50, dont 44 seraient des Ghanéens, et les autres des Sénégalais, des Togolais et des Ivoiriens. Les détails précis restent cependant flous. En juillet 2019, d’anciens membres de l’armée ont déclaré devant la TRRC que Jammeh avait personnellement ordonné la tuerie.
De nombreux appels sont lancés pour que l’ancien dictateur, qui a fui en Guinée équatoriale, retourne en Gambie pour y être jugé. Il y conserve cependant un nombre important de partisans, dont certains souhaitent son retour au pays et en politique.
Avec AFP

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Congo : Denis Sassou Nguesso prête serment devant une vingtaine de dirigeants africains

Le président Denis Sassou Nguesso, proclamé vainqueur de la présidentielle au Congo, a été investi vendredi à Brazzaville pour un quatrième mandat, en promettant devant une vingtaine de chefs d’Etat africains de défendre la forêt du bassin du Congo, «poumon africain qui fait respirer le monde».
A 77 ans, M. Sassou a été investi pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête du Congo-Brazzaville, pays d’Afrique centrale riche en pétrole et en bois, qui s’étend au milieu des forêts et des tourbières du bassin du Congo.
A un peu plus de six mois de la COP26 prévue à Glasgow en novembre, l’ancien officier a promis de «donner au Congo la dimension mondiale qu’il mérite en matière de protection de l’environnement et de la biodiversité». «On ne dira plus l’Afrique noire mais l’Afrique verte», a ajouté le président «DSN».
Sur le plan intérieur, M. Sassou a promis une «politique de tolérance zéro» à l’égard des détournements de fonds et de l’enrichissement illicite. «J’y veillerai», a insisté le président réélu. Une vingtaine de chefs d’Etat africains ont fait le déplacement de Brazzaville pour l’investiture de DSN, ceux d’Angola, Burkina Faso, Burundi, Centrafrique, République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Ghana, Guinée, Guinée Equatoriale, Liberia, Mauritanie, Mali, Namibie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo.
L’Algérie, le Cameroun, le Gabon, le Rwanda, l’Afrique du Sud se sont fait représenter par leurs Premiers ministres ou un responsable de haut rang pour l’investiture de M. Sassou, impliqué dans des médiations africaines dans les conflits régionaux (Libye, Centrafrique, RDC). Reprenant un thème de campagne, le président a promis une «révolution agricole» pour sortir son pays de sa dépendance au pétrole et aux importations.
M. Sassou Nguesso a été élu lors du scrutin du 21 mars, contre six adversaires, avec 88,40% de suffrages, selon les résultats validés par la Cour constitutionnelle. Trois de ses opposants ont déposé des recours en annulation qui ont été rejetés. Son principal adversaire, Guy-Brice Parfait Kolélas, est décédé du Covid-19 le lendemain du jour du scrutin, à son arrivée en France pour une évacuation sanitaire.
Avec LSI AFRICA
ACTUALITÉ
Bénin : l’opposant Joël Aïvo déposé en prison

Le professeur Joël Aïvo, candidat recalé à l’élection présidentielle n’a pas été libéré.
Gardé à vue depuis le jeudi 15 Avril 2021, Joël Aïvo a été présenté ce vendredi soir au procureur spécial, Mario Mètonnou près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).
Joël Aïvo et 3 autres personnes ont été placés en détention provisoire pour atteinte à la sûreté et blanchiment de capitaux et leur audience est prévue pour le 15 juillet.