ECONOMIE
Du cacao, le chocolatier ivoirien Axel, extrait un fond de teint matifiant

Dans son atelier à Abidjan, l’artisan chocolatier ivoirien Axel-Emmanuel Gbaou, prépare un fond de teint en poudre 100% cacao qui matifie la peau, une substance par ailleurs comestible, qu’il s’apprête à distribuer à grande échelle sur le marché.
Premier artisan chocolatier ivoirien, Axel-Emmanuel Gbaou veut démocratiser la consommation du chocolat dans son pays et sur le continent africain. Après le tri des fèves de cacao, il extrait les graines propices à la préparation de ce make-up.
Après le concassage des fèves, il fabrique dans son «laboratoire» du lait de corps, des crèmes hydratantes ou du savon au chocolat. Sa marque, devenue aujourd’hui un label, porte une signature visuelle inspirée de tissus traditionnels africains qui vient renforcer l’offre.
A quelques encablures de son atelier situé à Cocody-Alocodrome, un quartier huppé dans l’Est d’Abidjan, Axel tient une boutique avec une façade en baie vitrée. Vêtu d’un pantalon jean et de son t-shirt, il affiche une sérénité dans cette aventure de la transformation du cacao.
Devant l’une de ses commerciales, l’artisan chocolatier, souriant, arbore sa dernière création, ce fard maquillant conçu sous forme de poudre matifiante, «sans produit chimique et 100% cacao», qui selon lui peut s’utiliser pour différents types de peaux, des carnations et de teintes.
Dans les boutiques duty free de l’aéroport d’Abidjan et dans la sous-région, ce jeune banquier qui a quitté en 2015 son poste pour devenir artisan chocolatier, exhibe ses produits, également vendus en Europe et en Asie avec sa propre marque : «le chocolatier ivoirien».
Ce fond de teint matifiant est un maquillage «naturel» et même pour ceux qui travaillent dans l’audiovisuel et «il s’adapte à plusieurs types de teintes pour les femmes blanches, asiatiques, métisses, noires, claires. C’est une recette qui fonctionne et on est très ravi», lance-t-il.
Mariah Kouassi-Le Noir, une jeune dame, apprécie cette texture qui renferme des apports nutritifs et rajeunit la peau. En quelques secondes, martèle-t-elle, la peau est matifiée à l’extrême et nul besoin de superposer plusieurs couches pour obtenir un make-up réussi.
A Treichville, une cité cosmopolite dans le Sud d’Abidjan, Mariam Gueye, une Sénégalaise de la trentaine, installée au Grand marché de la commune, et diplômée d’un institut de beauté, explique que les fonds de teint matifiants dissimulent les brillances du visage.
Ils camouflent les rougeurs en plus d’apporter de la clarté au visage, dit-elle, avant d’ajouter qu’il existe des crèmes et des poudres issues de substances chimiques qui peuvent assécher certaines peaux, c’est pourquoi il est préférable d’opter pour un produit léger et hydratant.
Axel surfe sur le succès depuis quelques années. Engagé dans la transformation, il récolte des lauriers. Champion de Côte d’Ivoire et vice-président d’Afrique «chocolat pâtisserie» 2014, il est aussi lauréat du prix de la Fondation Jack Ma, figurant parmi les dix meilleurs entrepreneurs du continent.
Son savoir-faire, il le transmet. Pour lui, c’est absurde de voir un pays comme la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de fèves de cacao avec près de 2 millions tonnes, et pas une seule tablette de chocolat au label ivoirien en rayon.
De 2016 à ce jour, Axel a formé plus de 2.000 femmes de planteurs avec qui il travaille à la transformation du cacao en milieu rural. Aujourd’hui, celles-ci peuvent scolariser leurs enfants et gagner un revenu complémentaire à celui de leurs maris. Une immense fierté pour l’artisan.
La Côte d’Ivoire dont la production représente 40% de l’offre sur le marché mondial de cacao, ne transforme que 33% de sa production. Le pays envisage à court terme de transformer 50% de sa production et Axel-Emmanuel veut être un acteur avant-gardiste.
«L’industrie chocolatière représente 100 milliards de dollars () dans le monde et les paysans qui maintiennent cette industrie sont très misérables. Ils gagnent 200 dollars par an, soit moins de 1 dollar par jour», s’insurge-t-il.
Sandrine Misaokivu et son partenaire Xavier Bowekomi viennent de Kinshasa. Avec Aminata Koumbassa, qui elle vient de Conakry, Axel leur montre quelques architectures gustatives du chocolat dans une auberge à Abidjan. Pour lui, la formation est un leg de sa passion.
Avec un début difficile, Axel commence tout petit et emploie aujourd’hui une vingtaine de personnes, dont une dizaine en laboratoire puis une dizaine au packaging et à la vente pour une masse salariale mensuelle autour de 2 à 3 millions de FCFA.
AP/ls/APA

ECONOMIE
Le régulateur européen doit rendre sa décision sur le vaccin Johnson & Johnson le 11 mars

Ce vaccin à injection unique, ne requérant pas de très basses températures pour sa conservation, serait le quatrième à être approuvé dans l’UE s’il recevait le feu vert de l’Agence européenne des médicaments (EMA).
L’Agence européenne des médicaments (AEM) a annoncé mardi qu’elle se réunirait le 11 mars afin de décider si elle donne son feu vert au déploiement du vaccin Johnson & Johnson au sein de l’Union européenne.
«Le comité des médicaments à usage humain de l’EMA devrait donner sa recommandation pour le vaccin Covid-19 de Janssen (filiale européenne de J&J) le 11 mars» lors d’une réunion spéciale, a déclaré sur Twitter l’agence, basée à Amsterdam. Janssen-Cilag est la filiale européenne du géant pharmaceutique américain J&J.
Ce vaccin à injection unique et ne requérant pas de très basses températures pour sa conservation serait le quatrième à être approuvé dans l’UE s’il recevait le feu vert de l’EMA. L’EMA avait précédemment déclaré qu’elle prévoyait de prendre une décision à la mi-mars.
Le géant pharmaceutique américain Johnson & Johnson avait déposé en février une demande d’autorisation de son vaccin contre le Covid-19 dans l’Union européenne. Le vaccin de Johnson & Johnson a été soumis à une évaluation continue par l’EMA depuis le 1er décembre.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait salué le dépôt de cette demande, soulignant que l’UE «sera prête à donner son autorisation dès que l’EMA aura fourni une opinion scientifique positive». «Davantage de vaccins sûrs et efficaces arrivent», s’était-elle réjouie.
Les trois vaccins autorisés à ce jour sur le marché européen sont ceux d’AstraZeneca, de Pfizer/BioNTech et de Moderna.
Avec AFP
ECONOMIE
Le patron de l’OMS veut des mesures concrètes pour augmenter la production de vaccins

Le patron de l’OMS s’est livré à un vibrant plaidoyer ce vendredi en faveur de mesures concrètes pour augmenter drastiquement la production de vaccins contre le Covid-19, au-delà de l’appel du Conseil de sécurité à un accès équitable à l’immunisation.
Tedros Adhanom Ghebreyesus a jeté tout son poids dans un débat aussi controversé que complexe et technique : lever provisoirement les brevets qui protègent les intérêts des inventeurs des vaccins contre le Covid pour résorber la pénurie et aider à éradiquer une pandémie qui en un peu plus d’un an a déjà fait 2,5 millions de morts.
«Le vote pour l’équité en matière de vaccins est important et nous apprécions cela», a réagi le directeur général au cours de sa conférence de presse bi-hebdomadaire à Genève, peu après l’adoption à l’unanimité de la résolution à New York.
Débat houleux
Mais il a fait comprendre que ce geste était loin d’être suffisant : «des mesures concrètes doivent être prises comme renoncer à la propriété intellectuelle sur les brevets pour augmenter la production, la couverture du vaccin et se débarrasser de ce virus dès que possible».
Le débat sur la levée provisoire de la propriété intellectuelle agite l’Organisation mondiale du commerce depuis octobre. Avancée par l’Inde et l’Afrique du Sud, la proposition est fermement combattue par l’industrie pharmaceutique appuyée par l’Union européenne, les Etats-Unis et la Suisse et d’autres pays riches.
Les opposants affirment notamment que cela découragerait à terme l’investissement dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments et jugent que les laboratoires qui ont mis au point les vaccins sont aussi les mieux placés pour les produire dans les quantités requises. La proposition sera débattue au Conseil général de l’OMC lundi et mardi prochains.
Le docteur Tedros ne comprend pas les réticences et estime que les accords de l’OMC autorisent cette procédure en cas de force majeure. «Nous voyons un manque de coopération et même une forte résistance et pour être tout à fait honnête je n’arrive pas à comprendre ça, parce que cette pandémie est sans précédent. Le virus a pris le monde en otage», s’est-il désolé.
Pour lui «la suspension des brevets devrait être prise au sérieux et le Conseil de sécurité peut le faire s’il y a une volonté politique», a-t-il martelé.
vaccinal
Pour le directeur général il faut suspendre les brevets, encourager le transfert de technologie mais aussi pousser les groupes pharmaceutiques à mettre à disposition de leurs concurrents leurs capacités de production. C’est le seul moyen de répondre à un autre phénomène qui prive les pays les plus défavorisés d’accès à l’immunisation : le nationalisme vaccinal.
Sous la pression de leur population, les gouvernements des pays qui en ont les moyens achètent les doses encore rares pour vacciner le plus de monde possible et pas seulement les catégories prioritaires. Cela ne fait qu’aggraver les problèmes d’approvisionnement des pays moins bien lotis.
Quand la présidente de la Commission européenne promet de vacciner 70% de la population de l’UE à l’été ou quand la nouvelle administration de Joe Biden promet de vacciner tous les Américains au plus vite, cela fait douter de l’appel du Conseil de sécurité à l’accès équitable.
Le système Covax – mis en place par l’OMS, l’Alliance pour les vaccins (Gavi) et d’autres partenaires – pour éviter justement que quelques-uns n’accaparent l’essentiel des doses disponibles en souffre, et particulièrement son volet destiné à fournir les 92 pays les plus défavorisés qui y ont souscrit.
«Ces actions sapent Covax et privent les personnels soignants et les personnes vulnérables dans le monde entier de vaccins qui peuvent leur sauver la vie», a dénoncé le directeur général.
Bruce Aylward, un de ses conseillers spéciaux, a souligné que «certains pays continuent de tenter de nouer des accords qui vont mettre en danger l’approvisionnement du système Covax, sans l’ombre d’un doute». Y compris le Serum Institute of India, qui doit fournir l’essentiel des vaccins distribués par Covax au premier semestre de cette année.
Avec AFP