SANTÉ
Covid : la vaccination gagne du terrain, Ghana et Côte d’Ivoire lancent Covax

Le Ghana et la Côte d’Ivoire sont devenus lundi les premiers pays à vacciner contre le Covid-19 grâce au dispositif Covax destiné aux pays les moins riches, tandis que les Etats-Unis se préparent à l’arrivée du vaccin Johnson&Johnson.
La pandémie, qui a repris sa progression, a fait au moins 2,53 millions de morts dans le monde, selon un bilan établi par l’AFP lundi.
Si la plupart des pays riches ont entamé depuis des semaines leurs campagnes de vaccination, le président ghanéen Nana Akufo-Addo, 76 ans, est devenu lundi la première personne dans le monde à recevoir une dose du vaccin AstraZeneca financée par le mécanisme Covax.
«Il est important que je donne l’exemple», a-t-il déclaré. En Côte d’Ivoire, le secrétaire général de la présidence ivoirienne, Patrick Achi, s’est également fait vacciner grâce au dispositif Covax. Après lui, des membres des forces de défense et de sécurité ont aussi été vaccinés.
Le système Covax vise à fournir cette année des vaccins anti-Covid à 20% de la population de près de 200 pays et territoires, mais il comporte surtout un mécanisme de financement qui permet à 92 économies à faible et moyen revenu d’avoir accès aux précieuses doses.
Fondé par plusieurs organisations internationales dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Alliance du vaccin (Gavi), il a été mis en place pour tenter d’éviter que les pays riches n’accaparent l’ensemble des doses de vaccin.
Priorité au Covid à l’OMC
La pandémie a aggravé la fracture entre pays riches et pauvres, et plusieurs associations britanniques spécialisées dans l’aide internationale ont mis en garde lundi contre le risque d’une augmentation de la famine et de la crise humanitaire dans certains pays fragiles, comme le Yémen.
De nombreuses voix réclament en outre que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) – qui a accueilli lundi sa nouvelle cheffe, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala – lève les protections des brevets sur les vaccins anti-Covid pour accroître leur production.
Cette proposition, faite par l’Inde et l’Afrique du Sud, doit être débattue lors du Conseil général de l’OMC lundi et mardi, mais aucune décision n’est attendue en l’absence de consensus. La nouvelle directrice générale, qui a été présidente de l’Alliance du Vaccin jusqu’à l’an dernier, a appelé lundi à «donner la priorité à l’action relative au Covid-19».
Jusqu’à présent, plus de 244 millions de doses de vaccins anti-Covid ont été administrées dans au moins 123 pays ou territoires, selon un comptage réalisé par l’AFP lundi.
En Inde, le Premier ministre Narendra Modi a été vacciné lundi, contrairement à des milliers de candidats qui avaient pris rendez-vous par le biais d’une application défectueuse.
Dans ce pays, qui veut vacciner 300 millions de personnes d’ici fin juin, le programme de vaccination s’est ouvert lundi aux personnes âgées de plus de 60 ans et à celles de plus de 45 ans présentant une comorbidité.
Les Philippines ont, elles, commencé à administrer le vaccin chinois CoronaVac, tandis que Bali a lancé une campagne de vaccination au volant. L’Uruguay, dernier pays d’Amérique du Sud à recevoir des doses de vaccins, a débuté lundi sa campagne de vaccination.
«Passeport vert» présenté en mars
L’adhésion de la population au vaccin contre le Covid-19 est en hausse dans plusieurs pays comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis ou même la très sceptique France, selon une étude internationale publiée lundi par le cabinet Kekst CNC.
Quatre millions de doses du vaccin de Johnson & Johnson approuvé par les autorités sanitaires américaines seront distribués dès mardi aux Etats-Unis, pays le plus endeuillé par la pandémie.
Ce vaccin unidose appelé Janssen Covid-19, qui peut être stocké à des températures de réfrigérateur, rejoint ceux de Pfizer/BioNTech et de Moderna dans l’immense campagne de vaccination aux Etats-Unis, où la pandémie a fait plus de 500.000 morts.
Dans l’UE, le vaccin Janssen devrait être approuvé par l’Agence européenne des médicaments début mars, et distribué à partir de fin mars ou début avril, selon la ministre française déléguée à l’Industrie Agnès Pannier-Runacher. La Slovaquie a quant à elle reçu lundi son premier lot du vaccin russe Spoutnik V.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a par ailleurs annoncé lundi que Bruxelles présenterait en mars un projet de «passeport vert» numérique attestant d’une vaccination contre le Covid ou de tests négatifs pour voyager plus librement, alors que les droits associés à ce document divisent les Vingt-Sept.
Dans le même temps, l’inquiétude croit avec la propagation de nouveaux variants. Les autorités britanniques ont ainsi lancé un appel pour retrouver une personne ayant importé au Royaume-Uni le variant du coronavirus détecté au Brésil, susceptible de résister davantage que les autres aux vaccins.
En France, le président Emmanuel Macron a appelé à «tenir» encore «4 à 6 semaines» avant de pouvoir desserrer certaines contraintes. En Allemagne, les salons de coiffure, fermés depuis deux mois et demi, ont rouvert lundi, première étape d’un assouplissement des restrictions de plus en plus attendu.
La chancelière Angela Merkel et les dirigeants régionaux allemands se réuniront à nouveau mercredi pour discuter d’éventuels assouplissements supplémentaires, malgré la menace d’une troisième vague provoquée par les variants.
L’Allemagne va par ailleurs restreindre à partir de lundi à minuit les passages à sa frontière en provenance de France, après avoir classé le département de Moselle en zone Covid à haut risque.
Avec AFP

SANTÉ
Covid-19 : au Sénégal, les réticences face au vaccin font le bonheur des plus pressés

Crainte des effets secondaires, doutes sur la gravité de la maladie, scepticisme vis-à-vis de la vaccination… Les habitants ne se bousculent pas pour recevoir leur dose.
Alors que des candidats à la vaccination prennent leur mal en patience dans le monde, l’affaire peut être expédiée en quelques minutes, gratuitement et sans rendez-vous, au poste de santé de Mbao et, semble-t-il, ailleurs au Sénégal. Pourtant, la population ne se bouscule pas dans les centres où se sont rendus les journalistes de l’AFP.
Aux doutes nourris depuis le début par nombre de Sénégalais quant à la gravité de la maladie, au scepticisme répandu vis-à-vis de la vaccination, s’est agglomérée la crainte des effets secondaires du vaccin AstraZeneca, un des deux disponibles dans le pays.
Au poste de Mbao, la salle de vaccination est vide et les infirmières devisent pour tromper leur désœuvrement. «Les gens ne se pressent pas pour se faire vacciner. Une femme m’a dit qu’elle n’a pas confiance parce que c’est gratuit. Elle attend que ce soit vendu en pharmacie pour l’acheter», glisse une membre du personnel de santé, sous couvert d’anonymat parce qu’elle n’est pas autorisée à parler à la presse.
Plus de 362 000 personnes vaccinées
Le coordinateur national de la vaccination, Ousseynou Badiane, se veut mesuré quant à l’avancement de la campagne. Le gouvernement avait prévu de vacciner en priorité le personnel de santé et les personnes âgées et atteintes de comorbidités, soit 3 % de la population.
«On a déjà administré plus de 70 % des doses qu’on devait administrer», dit-il. Mais rapidement, le champ a été «élargi à 20 % de la population» parce que «des gens prioritaires ne se présentaient pas», explique-t-il.
Les autorités avaient initialement instauré une prise de rendez-vous en ligne. Quand les services de vaccination appelaient les inscrits, certains «ont demandé si c’était AstraZeneca» et ont préféré attendre, rapporte le praticien.
Sans communication officielle, le mot a alors commencé à se répandre sur les réseaux sociaux qu’on pouvait se faire vacciner sans rendez-vous. Une aubaine pour certains.
«Je suis venue me faire vacciner pour me protéger. Mon époux, qui ne veut pas s’immuniser, a essayé de me dissuader», assure Rokhaya Samb, qui est passée outre et sort du centre de Ngor-Almadies, à Dakar.
Ils sont une quinzaine ce jour-là à avoir fait de même, dont une bonne part d’expatriés, nombreux à vivre ou travailler dans le quartier. De quelques heures au début, l’attente est passée à quelques dizaines de minutes au maximum.
Le Sénégal a acheté 200 000 doses du Sinopharm, dont 10 % cédées aux voisins gambien et bissau-guinéen, et reçu plus de 300 000 doses d’AstraZeneca dans le cadre du programme international Covax, destiné à assurer aux pays pauvres l’accès à la vaccination.
Plus de 362 000 personnes ont été vaccinées, pour une population d’environ 17 millions d’habitants. «Il y a des réticences mais c’est difficile à mesurer», admet le docteur Badiane.
Nano-cellules, procréation et «coronabusiness»
Le nombre de contaminations et de décès diminue au Sénégal depuis des semaines. En outre, la vie revient progressivement à une certaine normalité depuis que le pouvoir a levé le couvre-feu et les restrictions anti-Covid à la suite de graves troubles début mars.
L’urgence est davantage à gagner son pain, a fortiori parmi des Sénégalais dont les trois quarts ont moins de 35 ans et sont moins exposés aux formes graves du coronavirus. Autant de raisons, avec la défiance envers AstraZeneca, qui tiennent les Sénégalais à distance d’une aiguille.
Le docteur Babacar Niang, chef de Suma Assistance, un service hospitalier national privé, raconte recevoir des appels de patients l’interrogeant sur la nécessité de se vacciner. Certains sont «sceptiques» vis-à-vis d’AstraZeneca, dit-il.
Mais d’autres sont sensibles à «l’histoire des nano-cellules qu’on va nous mettre pour nous surveiller ou à l’histoire de la procréation selon laquelle l’Europe et l’Amérique veulent diminuer notre fécondité».
D’autres encore se demandent si la vaccination ne relève pas seulement d’un «coronabusiness» profitable aux autorités et entreprises pharmaceutiques, évoque-t-il.
Les stocks s’amenuisent malgré tout. Le Sénégal attend prochainement de nouvelles livraisons, selon le docteur Badiane. Mais il n’écarte pas le risque d’une rupture qui ralentirait encore la campagne.
Avec AFP
SANTÉ
Le Malawi va détruire 16.000 vaccins contre le Covid-19 qui ont expiré

«Je veux voir les réactions des premiers vaccinés avant d’y aller moi», confie un habitant de Lilongwe, la capitale.
Plus de 16.000 doses de vaccin ont atteint leur date de péremption et vont être détruits au Malawi, après être arrivés dans le petit pays pauvre d’Afrique australe il y a trois semaines, a-t-on appris mercredi auprès du ministre de la Santé.
Sur ce lot de 102.000 doses envoyées par l’Union africaine (UA), quelque 16.400 n’ont pas été utilisées et ont expiré mardi, a précisé à l’AFP Charles Mwansambo.
Sur le total de 530.000 doses reçues dans le pays via le programme Covax, le gouvernement indien et l’UA, toutes du vaccin AstraZeneca, 46% ont été utilisées à ce jour, a-t-il avancé.
«Nous avons utilisé la plupart des vaccins envoyés par l’UA. Mardi, à leur date d’expiration, il en restait seulement 16.400 qui n’avaient pas servi, qui vont maintenant être détruits et jetés», a-t-il déclaré à l’AFP.
Depuis les premières vaccinations en mars, le Malawi a seulement vacciné 300.000 personnes sur les 11 millions ciblés, soit un objectif de quelque 60% de la population «pour être suffisamment protégés», selon le ministre.
Chipiliro Chilinjala, 30 ans, croisé dans un restaurant de la capitale, traîne des pieds: «Je prends mon temps, beaucoup d’histoires étranges circulent. Je veux voir les réactions des premiers vaccinés avant d’y aller moi», confie-t-il à l’AFP.
Le sociologue Innocent Komwa confirme que l’apathie à se faire vacciner découle vraisemblablement de la force des théories du complot et de la désinformation: «Au Malawi, on a beaucoup d’adultes qui restent bloqués dans la phase contemplative, qui auraient besoin d’un petit coup de pouce pour se décider», dit-il.
«Malheureusement, le gouvernement et les responsables de santé n’ont pas fait grand-chose pour contrer les fausses nouvelles, les rumeurs, en particulier autour de l’AstraZeneca en Europe», regrette-t-il auprès de l’AFP.
L’immunologiste Gama Bandawe redoute l’impact de ces retards quand la pandémie va reprendre des forces, sans doute en milieu d’année, estime-t-il.
«On s’attend à des pics lors des six à huit prochaines semaines. Nous allons nous retrouver dans une situation où nous aurions vraiment pu utiliser ces vaccins».
Avec AFP